Alors que la région Occitanie souffre d’un déficit de logements sociaux, elle connaît un contexte de pression accrue ces dernières années : les demandes pour accéder au parc social augmentent fortement (+10 % en un an), tandis que les attributions chutent (-6 % par rapport à 2023). Les taux de rotation s’effondrent empêchant la libération des logements existants.
Paradoxalement, la région connaît également un fort taux de refus de proposition de logement qui traduit une difficulté à satisfaire des ménages pourtant en situation de précarité au regard de leurs conditions d’habitation.
Ce constat soulève de nombreuses interrogations quant aux causes et processus qui sous-tendent ces refus.
C’est pourquoi HSO, la Fondation pour le Logement des Défavorisés et Action Logement Services ont missionné le bureau d’études FORS – Recherche Sociale afin de mener une étude pluridisciplinaire visant à comprendre les motivations et perceptions des demandeurs mais aussi des acteurs en charge de l’attribution des logements. Cette étude vise également à prendre acte des initiatives développées par ces mêmes acteurs de terrain pour proposer des pistes d’amélioration et in fine participer à fluidifier les parcours résidentiels.
Cette étude menée entre février et juillet 2025 s’est attachée à dresser un diagnostic quantitatif des refus à partir d’un échantillon de plus de 10 000 refus recensés par 33 organismes de logement social intervenant en Occitanie (86 % des OLS de la région). En complément, le prestataire a réalisé une analyse qualitative sur 5 territoires (Aude, Hérault et Montpellier Méditerranée Métropole, Haute-Garonne et Toulouse Métropole, Lot et Pyrénées Orientales), auprès d’une diversité d’acteurs : services de l’État, collectivités territoriales, associations gestionnaires de CHRS, Action Logement Services et organismes Hlm. Le prestataire a également interrogé une cinquantaine de ménages ayant refusé un logement social au cours des derniers mois.
Les refus ne relèvent pas d’un facteur unique. Il faut d’ailleurs bien comprendre que le logement n’est pas un produit comme un autre et la demande de logement procède d’un besoin qui, tout urgent et essentiel qu’il soit, recouvre des enjeux très divers, profondément ancrés dans la vie quotidienne des demandeurs et fortement liés à leur identité.
Par ailleurs, les demandeurs peuvent développer des stratégies à travers leur demande (économiques, sociales, symboliques…) qui ne se réduisent pas à la simple résolution d’un besoin objectivable.
Enfin, un changement d’adresse peut constituer un bouleversement (psychologique, économique, organisationnel…) qui peut ne pas avoir été pleinement mesuré au moment du dépôt de la demande mais se concrétise lors de la proposition de logement, entraînant ainsi l’expression d’un refus.
Cette étude montre que les demandeurs de logement, et particulièrement d’un logement social, recherchent un équilibre entre qualité de vie, stabilité financière et accès à des réseaux familiaux ou sociaux. La question de la sécurité est également prégnante. Douze ans après la dernière analyse sur le sujet (FORS / USH, 2012), les constats d’alors restent d’actualité ce qui révèle que malgré les évolutions législatives de ces dernières années, la compréhension par les usagers des processus d’attribution des logements et de la réalité de l’offre locative n’est pas garantie et reste insuffisante.
Toutefois, force est de constater que les organismes de logement social ont développé au fil des ans des pratiques visant à mieux accompagner le demandeur dans son parcours. Ces pratiques qui limitent les niveaux de refus sont à promouvoir.